PUERTO ESCONDIDO LE TRIP D’UNE VIE
Puerto Escondido, « une Gravière sous stéroïdes » pour Charly Quivront
© Edwin Morales
D’abord avec Tim Bisso puis avec William Aliotti, Charly Quivront vient de passer un mois au Mexique, où il s’est attaqué pour la première fois au « Pipe mexicain ». Pour Ripitup et Planète Surf, le Royannais revient en détail sur le « trip d’une vie ».
Un long hiver passé à regarder les autres enfiler les tubes comme des perles à Hossegor et alentour pendant que lui rongeait son frein, blessé. Alors, une fois son épaule droite remise d’aplomb et en l’absence de compétitions après ses 13es places en mai dans deux QS 3 000 portugais, Charly Quivront a pris la tangente « sur un coup de tête ».
« J’en avais marre d’être en France, il n’y avait pas de vagues et c’était le seul moment de l’année où je n’avais pas de compétitions, et donc le temps de faire un surf trip », livre, à Ripitup et Planète Surf, le toujours sans filtre surfeur français de 25 ans. Ce sera le Mexique, pour lequel il s’envole mi-juin. « Au départ, je devais y aller seul et puis Tim Bisso s’est chauffé pour m’accompagner. »
Charly Quivront. © Edwin Morales
Partis pour surfer les droites de Salina Cruz, au sud du pays, les deux acolytes n’y resteront finalement qu’une poignée de jours, le temps de profiter à plein d’une bonne houle, avant de s’établir à proximité de la véritable mecque du surf mexicain : Puerto Escondido.
« On était logé dans un hôtel en face du spot, on se réveillait à 6h30 pour checker les vagues, c’était tous les matins offshore et très, très bon », se souvient avec gourmandise Charly Quivront. « Du coup, on surfait trois, quatre heures et après on était mort (rire). Vers 11h-12h, ça devenait onshore et on ne surfait plus de la journée. Ou alors, comme il n’y a pas grand-chose à faire Puerto, on allait un peu surfer sur la gauche de La Punta,. Mais c’est un spot avec beaucoup de monde et avec ce qui nous attendait le lendemain matin à Puerto, on se disait que c’était une perte de temps. »
« Un spot où il faut être un chasseur »
Dès son arrivée à Puerto Escondido, le duo tricolore a bénéficié de « bonnes vagues, mais il a fallu un petit temps d’adaptation, c’était moins clean que lorsque William a débarqué », dixit Quivront. Après deux semaines à se familiariser avec les puissantes, creuses et dangereuses vagues du « Pipe mexicain » aux côtés de Bisso, une fois celui-ci reparti, celui que l’on surnomme Le Chat a accueilli William Aliotti. « Je suis resté trois jours seul avant son arrivée, vers le 1er juillet, il m’a chauffé pour que je reste une semaine de plus, puis deux, j’ai dû changer deux fois mon billet », s’esclaffe le Royannais.
« Les vagues n’arrêtaient pas », poursuit-il, la tête encore un peu du côté de la plage Zicatela. « On a progressé tous les deux en prenant à chaque fois de meilleures vagues, elles grossissaient d’un mètre au fil des jours. William m’avait ramené un gilet d’impact que j’avais à la maison. Je n’étais pas hyper équipé car j’étais venu plutôt surfer les droites du sud, j’avais beaucoup de petites planches, ma plus grande était une 6’6, je n’avais pas de gun. » Tout le contraire d’Aliotti, qui avait pris l’avion avec… 7 planches. « William est arrivé avec un gros quiver, une 8 pieds, une 7’2, etc. Un copain mexicain m’a prêté une 7’2 sur place, elle m’a fait tout le séjour, mais j’ai fini avec uniquement cette board : tous les quatre jours, je cassais une planche et je suis rentré en France avec un boardbag vide (rire). »
William Aliotti. © Capture d’écran YouTube
Pour sa toute première expérience à Puerto Escondido, Charly Quivront a trouvé des similitudes entre le réputé spot de gros mexicain et… La Gravière, à Hossegor. « Mais une Gravière sous stéroïdes !”, corrige illico le surfeur du team Volcom, qui y voit même un « mix entre La Nord, mais au bord, et la Gravière. La vague est impressionnante, il y a du courant, tu rames beaucoup. Elle tient du très gros et même quand c’est très gros, des mecs arrivent à s’y mesurer à la rame, c’est hallucinant. »
« C’est un spot où il faut être un chasseur », intervient William Aliotti. « Il y a du courant qui remonte, des baïnes, un peu de backwash, de marée, c’est un spot difficile, mais ça a bien marché pour nous. » Et si le free surfeur antillais rend hommage au Maritime qui « a super bien surfé », Quivront se montre beau joueur : « William a eu la meilleure, une grosse gauche sortie. »
« Gare à la branlée »
Vague parmi les plus dangereuses de la planète, Puerto Escondido prend trop régulièrement des vies, la dernière pas plus tard que mi-juillet, avec le décès de l’Espagnol Oscar Serra. « Sur la plage, il y a des croix avec les noms de tous les gens qui y sont décédés », se remémore Quivront, le ton soudainement plus grave. Lui et Aliotti s’en sont, heureusement, « bien sorti. Il y a le facteur chance du beach break, mais tu as plus d’opportunités de prendre la vague de ta vie ici qu’à Pipe, où tu passes toujours après les locaux. Il y a 17 ou 18 secondes de période, six à sept vagues de série par set. Et quand tu vois la vague arriver, ça fait pas tellement peur, mais gare à la branlée, quand t’es sous l’eau et que tu prends le bouillon, là c’est grave », prévient Quivront.
Lui a pu compter sur la bienveillance d’Edwin Morales, ancien bodyboardeur pro et « l’un des boss de Puerto. Un ami sur place de chez Volcom, César Petroni, m’a filé tous les bons coups et m’a fait rencontrer ce gars ». Il l’a suivi tout au long de son périple mexicain et est notamment l’auteur des images de la vidéo ci-dessus.
Charly Quivront. © Edwin Morales
Charly Quivront n’a ainsi pas à regretter d’avoir délaissé les petites conditions de surf qui ont sévi la plupart du temps lors de ces mois de juin et juillet dans les Landes pour l’une des meilleures saisons estivales de ces dernières années à Puerto Escondido. « Les gars de là-bas parlent d’une très bonne saison », acquiesce-t-il. « L’année dernière, c’était une bonne session toutes les deux semaines, cette fois, l’océan Pacifique a délivré non-stop. »
Ce que confirme la présence au line up de chargeurs de renom, du Californien Greg Long – auteur d’un tube énorme le 27 juillet – au Brésilien Lucas Chianca en passant par le Basque-espagnol Natxo Gonzalez. Mais pas que. « Il y avait aussi des inconnus au bataillon, qui chargent grave, des Américains et Sud-Af’ qui habitent là-bas parce qu’ils kiffent simplement la vague, pas que des pros et beaucoup de bodyboardeurs, autant respectés que les surfeurs », s’extasie Charly Quivront tout au bout d’un trip de dernière minute devenu celui d’une vie.
Charly Quivront. © Edwin Morales
› L’actu WSL de Charly Quivront : une fois son trip prolongé à Puerto Escondido achevé, le Royannais a regagné les Landes et repris l’entraînement en vue des Challenger Series de fin de saison, qui permettront la promotion de douze surfeurs sur le CT 2022. Le calendrier des compétitions : US Open of Surfing à Huntington Beach (Californie) du 20 au 26 septembre ; MEO Pro Ericeira au Portugal du 2 au 10 octobre ; Quiksilver Pro France à Hossegor du 16 au 24 octobre ; Haleiwa Challenger à Hawaii du 25 novembre au 7 décembre. En 2019, dernière saison QS qui est allée à son terme avant l’annulation de la saison 2020 à cause du virus, Charly Quivront avait atteint son meilleur classement final (54e).