LAURENT PUJOL surfeur photographe et réalisateur
Laurent s’inscrit dans une culture surf américaine, faite de rêves sans limites…
Les personnes les plus fascinantes sont souvent celles qui nous intriguent car elles ne semblent rentrer que dans les cases qu’elles définissent elles-mêmes. Ce sont des personnes qui ont le goût du temps d’avance, de la vision et qui font leur chemin sans se retourner.
Savoir vivre le moment présent tout en prenant le recul nécessaire, arriver à se rendre compte que son histoire s’imbrique dans le spectre des légendes… Laurent Pujol, c’est cet ambassadeur du surf en France et à l’international que nous vous présentons en quelques lignes.
On lui a envoyé quelques questions, il prend un moment, se cale, on l’imagine sur sa terrasse, pieds nus auprès de son chien, fidèle et encore haletant.
Aujourd’hui père de famille, occupé entre la vie à la maison, les sessions à Nazaré et les strike missions aux USA et ailleurs, Laurent nous livre quelques pépites à la cool. On l’envie. Il est un exemple dans le surf et a toujours su être parmi les précurseurs, les meilleurs.
Nazaré. © Naomi Adbib
Laurent démarre son parcours en Floride dans les années 80, et se définit comme un gamin sportif, à fond dans le bmx, le skate et le surf. Il vit aux USA et prend sa première vague à 11 ans, sur une planche en mousse « comme en glacière à l’ancienne ».
The « Hooked » apparaît soudain, ce feeling qui surgit grâce la glisse, allongé, dixit Laurent. Ce moment qui fait que le surf s’inscrit en toi à tout jamais. Il choppe sa première board, dans un surf shop d’occasion, un twin Town & Country, peut-être une des clés de son surf sur le rail et son flare légendaire dans les barrels.
Il commence les contests amateurs en Floride, au milieu d’une scène surf locale de puristes, entre les Hobgoods, Slater & co, des surfeurs incisifs de petites vagues, aux gammes très techniques. Puis vient les voyages, les séjours sur la grande scène californienne et hawaïenne.
En compagnie de Kelly à Disney World
Laurent s’inscrit dans une culture surf américaine, faite de rêves sans limites. « Pepe » devient alors un des meilleurs free surfeurs français, à son apogée dans les années 90, comme en témoigne ses hivers hawaïens remarqués et intégrés.
En 1994, il prend connaissance du tour EPSA en Europe et saisit l’opportunité de poursuivre son rêve : vivre du surf en tant que surfeur compétiteur professionnel. Il atterrit à Biarritz à 22 ans, boucle son budget avec son sponsor principal pour faire le tour et se lance.
Double page dans Surfing Magazine. © Pete Frieden
Le temps passe et la passion évolue vers d’autres sphères. L’importance des résultats usant, ce qui représentait l’unique choix de carrière à l’époque, se transforme et se déplace, après le freesurf, vers la photographie.
Celle-ci a toujours fait partie intégrante de sa vie de surfeur. D’abord en trip où il prend goût en documentant ses voyages, et en tant que free surfeur, sensible au résultat de ses collaborations avec les photographes. Au fur et à mesure, ce choix se reproduit de manière instinctive et naturelle.
Premiers boitiers.
Aujourd’hui reconnu comme l’un des grands du métier, sa capacité à prendre les devants et à proposer des choses nouvelles est déconcertante. Ainsi ce nouvel angle du « follow-cam » expérimenté avec les copains comme Sancho, puis avec des gars comme Shane Dorian, Bruce Irons, la vidéographie à Nazaré dont il est le pionnier…
Derrière “Sancho”
Son flegme charismatique le pousse aujourd’hui au-devant de la scène, de Nazaré aux États-Unis, avec la série 100 foot wave diffusée sur HBO. Il remporte au passage un prestigieux award qui fait de lui, une fois de plus, un gars à part.
En compagnie de Mike Prickett lors de la cérémonie de remise des Awards
A s’en méprendre, tout semble lui sourire. C’est avant tout par professionnalisme et pragmatisme que Laurent reste ce gars passionné, un peu à part que l’on connaît, qui a su se consacrer pleinement à son œuvre au sein de notre communauté.
Même s’il regrette l’évolution de la photographie dans le milieu, avec l’importance de plus en plus faible du print et des magazines, c’est avec un œil fin, avisé et sarcastique que ce pionnier aborde le présent et l’avenir.
Le but au final dans sa vie, c’est de kiffer et de faire kiffer.
Que ce soit shooter les actions les plus folles pour le grand public à Nazaré, surfer à la maison avec les copains, ou retaper sa maison, Laurent c’est l’exemple du gars simple qui travaille dur, et aborde la vie de telle manière, qu’il nous donne encore une fois, le meilleur exemple de l’authenticité Surf.
Propos recueillis par RIPITUP, texte de Rémi Derepas