MAUD LE CAR À LA CONQUÊTE DES GROSSES VAGUES
Maud Le Car nous dévoile ses nouvelles sensations entre surf de gros à la rame et exploits audacieux en tow-in. Une plongée exclusive dans l’univers passionnant de la surfeuse française et ses défis face aux géants de l’océan.
Maud Lecar, l’une des meilleures surfeuses françaises actuelles, a su se faire un nom et gagner le respect dans le milieu du surf de compétition. Reconnaissable par son style unique et son engagement, elle a récemment élargi ses horizons en s’adonnant au surf de vagues plus imposantes, explorant les domaines du tow-in et du step off. Accompagnée par son partenaire de vie, Joan Duru, qui la tracte en jet ski lors des journées où les conditions rendent impossible la rame traditionnelle, Maud se confronte avec audace à des vagues d’une toute autre envergure. Dans cette interview exclusive, elle partage son ressenti sur cette nouvelle aventure et les défis qu’elle relève pour maîtriser ces puissantes vagues.
Juste avant de lire son interview, découvrez sa dernière session en tow-in sur le spot de la Nord jeudi dernier dans la vidéo ci-dessous
Ripitup : Ça fait un petit moment que l’on te voit les jours de gros chargée en tow ou step off…
Maud Le Car : Ça fait un petit moment que je m’essaie au surf de grosses vagues, que ce soit à la rame, en step off. J’ai essayé le tow in il y a environ un mois avec une planche offerte par Joan à Noël, et j’aime vraiment ça, après dix ans dans le QS avec des petites vagues, maintenant je me concentre sur des vagues plus consistantes pour des sensations plus fortes.
Ripitup : Ton pilote, qui est également celui qui partage ta vie, influence t-il beaucoup tes sessions ? Quel rôle joue-t-il dans tes expériences de surf de grosses vagues ?
Maud Le Car : Ça fait environ 2-3 ans que Joan me propose de l’accompagner lors de sessions en jet. Il fait habituellement équipe avec Marc Lacomare, mais en l’absence de ce dernier (blessure), c’est Joan qui me tracte. L’hiver, lorsque les vagues sont trop grosses pour la rame, le jet offre une facilité précieuse pour passer la barre et prendre des vagues. Idéalement, j’aimerais apprendre à conduire pour partager cette expérience avec Joan et ne pas être toujours celle qui se régale pendant qu’il ne peut pas surfer. C’est un excellent pilote, et ma confiance en lui est totale. Je ne sais pas si je me sentirais aussi en sécurité avec quelqu’un d’autre. Dans l’ensemble, sa présence et son rôle sont cruciaux pour mes expériences de surf de grosses vagues. Il ne nous a jamais retournés et me met toujours sur de bonnes vagues, et il a une excellente compréhension de l’océan, ce qui est compliqué. En jet, étant loin du rivage, je n’ai aucune idée de la taille ou de la qualité des vagues, lui, a un œil expert pour anticiper le comportement des vagues, c’est un vrais confort pour moi.
Ripitup : Alors, au final, tu y prends goût, et as-tu quelques objectifs spécifiques pour les spots de grosses vagues en tête ? Ou est-ce simplement un plaisir occasionnel pour toi ?
Maud Le Car : Oui, j’adore vraiment ça. Surfer des grosses vagues et être tractée par un jet ski, c’est incroyable. C’est beaucoup plus simple qu’à la rame. Chaque session est la meilleure de ma vie, je m’éclate de plus en plus. Honnêtement, je n’ai pas d’objectif précis, c’est surtout pour le plaisir. C’est une nouvelle expérience, de bonnes sensations, et si je devais avoir un objectif, ce serait de prendre une énorme vague à la Nord ou d’essayer à Nazaré. Pour le moment, je prends les choses comme elles viennent, sans me mettre la pression, en kiffant simplement sans chercher à faire le buzz ou autre.
Ripitup : On t’a déjà vue sur des vagues bien costaudes à la rame, certes moins imposantes qu’hier à la Nord, mais déjà bien puissantes. Qu’est-ce qui te procure le plus de plaisir et te fait le plus peur entre la rame et les vagues plus grosses en Tow ?
Maud Le Car : J’aime vraiment les deux. À la rame, la peur est plus présente car il n’y a personne pour venir te chercher quand tu bouffe, mais de toute façon, lorsque les conditions deviennent sérieuses, les deux génèrent de l’appréhension. Je suis consciente que les vagues que je surfe en jet, je ne les prendrais probablement pas à la rame, car il faut être au bon endroit au bon moment, ce qui est moins évident sans l’aide de la machine. En jet, il y a moins de risques de subir les grosses séries comme à la rame, car tu passes très rapidement la barre. À la rame, ma principale crainte n’est pas de démarrer, mais plutôt de prendre les séries dans la tête ! Cependant, en jet, malgré tout, il y a aussi le risque de se faire mal. Je me suis fracturé le tibia, la cheville et tous les ligaments dans un tube au cul nu l’an dernier. Donc, il n’y a pas de discipline qui me fait plus peur que l’autre. Dans les deux cas, l’humilité et la prudence sont de mise !
Ripitup : Jeudi à La Nord tu étais carrément impressionnante, enchaînant les vagues avec une facilité bluffante. De l’intérieur, comment te sentais tu ? Comment as-tu vécu cette matinée ?
Maud Le Car : Merci beaucoup pour ces mots encourageants, c’est vraiment génial et ça me motive énormément à continuer. Honnêtement, pendant la session, j’étais complètement immergée dans ma pratique. Je ne pense pas avoir surfé de manière exceptionnelle, même si les sensations étaient incroyables. C’est un peu étrange mais quand je pratique le step off ou le tow, j’ai l’impression de ne pas être à la hauteur de la vague, je ressens comme une frustration de ne pas avoir pleinement exploité la beauté de la vague et ce qu’elle offrait. J’essaie constamment de progresser, de trouver les lignes adaptées, de prendre des risques tout en évitant de me répéter. En tout cas, j’ai vécu une matinée de rêve. Je tiens encore à remercier Joan qui prend le temps de me tracter, qui croit en moi et m’amène sur ces sessions. Au final, il ne surfe pas et c’est mon seul regret, mais moi, je passe une super matinée en surfant les vagues de ma vie, des sensations incroyables dans une ambiance fantastique avec les autres équipiers. Ces sessions restent gravées dans ma mémoire à vie !